Visite de Ravenna
Dimanche 24 septembre
L’origine de cette cité se perd dans la nuit des temps. D’abord ombrienne, puis étrusque, elle tombe dans l’escarcelle de Rome en 234 av JC. Au départ, un peu comme Venise, elle est constituée d’ilots sablonneux autour d’une lagune, ce qui constituait déjà une protection. Elle prend une importance impériale quand Auguste décide d’y construire un port (Classis devenue aujourd’hui Classe) pour héberger la plus grande partie de sa flotte militaire. Mais c’est au crépuscule de l’empire romain d’occident qu’elle se voit doter de ses plus beaux monuments. Elle devient capitale de cet empire en 402 ap JC sous Honorius. Puis Odoacre, arien, originaire de Pannonie (comme St Martin) officier dans les armées de Rome, dépose le dernier empereur et prend le pouvoir en Italie vers 476. Son règne est relativement paisible jusqu’à l’arrivée en 488 des ostrogoths et de leur roi Théodoric, poussés par Zénon, l’empereur romain d’Orient. Après plusieurs batailles, Odoacre est assassiné en 493 par Théodoric. Zénon lui concède l’Italie. Théodoric crée un royaume autonome. Il conserve les institutions romaines. De confession arienne il respecte au départ les orthodoxes (c’est-à-dire les non ariens) et l’Italie connaît 30 ans de paix après et avant de grands troubles. Il meurt en 526. Au niveau géopolitique, seul reste de la domination romaine l’empire romain d’orient (byzantins) qui est dirigé de 527 à 565 par Justinien. En 540, Ravenne est reprise par le général Bélisaire (byzantins-romains d’Orient), reconquise par les ostrogoths et reprise par les byzantins en 552 ; elle le restera jusqu’en 752.
La journée commence par la Messe de 8h à l’église de San Francesco et la visite au tombeau de Dante Alighieri
La "Cappella di Sant’Andrea" est le seul oratoire paléo chrétien existant encore fin 5ème début 6ème. À l’entrée le Christ guerrier, voûte avec anges et évangélistes autour du Chrisme, médaillons sur les arcs.
À quelques pas du musée, le complexe du Duomo avec le Baptistère Néonien
Duomo, Cathédrale de la Résurrection du Christ. Construite originellement au début 5ème siècle, reconstruite entièrement au 18ème dans le style baroque. Campanile cylindrique du 10ème. A l’intérieur des colonnes de l’ancienne cathédrale et des œuvres paléochrétiennes : ambon en marbre du 6ème, deux sarcophages 5ème (dont un utilisé au 14ème pour accueillir la dépouille de l’évêque Rinaldo), au fond, le transept droit dans la chapelle de la Vierge de la Sueur (en remerciement de la guérison de la peste au 17ème). Baptistère Neoniano ou des orthodoxes, commencé fin 4ème début 5ème. Mosaïques seconde moitié 5ème siècle. Bassin octogonal refait en 1500 sauf ambon 5ème siècle. Voûte baptême du Christ : 12 apôtres portant une couronne de gloire.
Pour aller vers nos prochaines mosaïques, notre chemin passe par la Piazza del Popolo
À l’ouest, Palais de la Commune reconstruit en 1681. Devant deux colonnes érigées au 15ème lors de la domination vénitienne : l’une portait la statue de St Apollinaire, l’autre le lion de St Marc remplacée au 16ème par celle de St Vitale quand les vénitiens furent chassés. Au sud, petit palais vénitien du 15ème
Construite par Théodoric (fin 5ème) pour le culte arien. Passe au culte orthodoxe après 540. Reçoit au 9ème les reliques de St.Apollinaire 1er évêque de Ravenne. Façade et portique en marbre du 16ème ; campanile du 9ème ou 10ème. Intérieur : mosaïques du haut (sans doute du temps de Théodoric) : à gauche scènes de la vie de Jésus, à droite Passion et Résurrection du Christ. En dessous différents personnages (saints ? martyrs ?). Encore en dessous des scènes majestueuses : la Madone et les rois mages, le Rédempteur et les martyrs, le cortège des vierges, le palais de Théodoric où les orthodoxes ont effacé certains détails (il reste une main sur une colonne), le port de Classis avec des navires et des murailles.
Il est midi, on repasse par le centre ville où on touve un bar/tavola calda pour nous restaurer simplement près de la Piazza del Popolo. La suite des mosaïques de Ravenna passe par "Galla Placidia" ...
Mausolée de Galla Placidia (5ème siècle) construit avant sa mort par Galla Placidia, très pieuse et très politique fille de Théodose 1er, épouse le roi wisigoth Athaulf puis l’empereur romain d’occident Constance III dans des temps troublés. Un de ses fils Valentinien devient empereur d’Occident et Galla est régente jusqu’à sa mort en 450 à Rome où elle est enterrée. Les 3 sarcophages dans le mausolée ont été introduits au 14ème. Le mausolée fut d’abord un oratoire dédié à St Laurent, comme le montre la mosaïque au grill et St Laurent. Au-dessus St Paul et St Pierre avec devant eux deux colombes s’abreuvant, symbole du baptême ; au-dessus de la porte d’entrée, le Bon Pasteur, imberbe, avec ses brebis ; au niveau latéral deux couples de cerfs (comme une biche...) ; la coupole constellée d’étoiles reçoit la croix au centre entourée des symboles des 4 évangélistes.
À peine sortis du Mausolée de Galla Placidia, encore éblouis par la beauté de ses mosaïques, seuls quelques pas nous séparent de l’entrée de la Basilique de San Vitale ...
Basilica di San Vitale, « la merveille des merveilles » ! Commencée en 525 (un an avant la mort de Théodoric) par l’évêque Ecclesio, terminée en 547 par l’évêque Maximien, elle est un des rares exemples de la « période justinienne ». L’église de forme octogonale combine des éléments architecturaux romains (dôme, portails, tours) avec des éléments byzantins (abside polygonale, chapiteaux, briquettes). La cuvette de l’abside est consacrée au Christ, assis sur un globe bleu, posé sur un rocher d’où jaillissent 4 sources. Le christ est entouré de deux anges, de Saint Vital à qui il remet une couronne et d’Ecclesio qui présente une maquette de l’église. Dans la partie inférieure de chaque côté de l’abside, le couple impérial (Justinien à gauche et Théodora à droite) procède à des offrandes. Justinien est notamment accompagné par l’évêque Maximien. Puis, en allant vers le chœur, à gauche deux scènes : Abraham recevant Dieu au chêne de Mambré et sacrifiant son fils, (entouré de Moïse et de Jérémie avec au-dessus Luc et Jean) et à droite les sacrifices d’Abel et de Melchisédech (entouré d’Isaïe et de Moïse au buisson ardent avec au-dessus Marc et Matthieu). Un arc triomphal sépare la chapelle du chœur avec 15 médaillons avec le Christ, les 12 apôtres, St Gervais et St Protais. Sur la voûte de l’abside, 4 anges les bras levés convergent vers l’agneau mystique. Tout cela dans un semis doré de feuilles d’acanthe, d’oiseaux et d’autres animaux. La coupole et les grosses niches furent peintes à fresque en 1780. La mosaïque du sol, bien que moins fine est de toute beauté. Les colonnes sont en marbre de couleur, avec des chapiteaux de marbre blanc ; il y a sur les murs des placages de marbre « en livre ouvert » (dédoublement de la pierre dans son épaisseur et juxtaposition des deux faces en symétrie axiale).
Sur le chemin de retour vers les voitures nous nous arrêtons à la "Domus dei Tappeti di Pietra" (Maison des Tapis en Pierre) : si vous en avez assez de regarder des mosaïques vers le haut, les plus belles mosaïques au sol sont ici ...
À la fin de cette belle journée, on aura effectué environ 11km de marche.
