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Le volcan Ijen

28 avril : dès notre descente du volcan Batur, nous louons une voiture pour le quitter en longeant la cote nord de Bali, très touristique autour des agglomérations mais très sauvage en dehors. Dans l’après-midi nous arrivons à l’extrémité ouest de Bali, la ville de Gilimanuk avec son terminal de ferries entre Bali et Java.
Le trajet ne prend qu’une heure et les ferries, bondés de javanais qui travaillent sur Bali grâce au tourisme, se suivent : prix de la traversée ... 25000 roupies ... moins de deux euros.
En face, l’ile de Java, où les nuages cachent notre destination : le volcan Ijen.

29 avril, Ketapang (Java) : nous nous prélassons dans un hôtel à quelques kilomètres du terminal des ferries, coté Java. Histoire de reprendre des forces avant d’attaquer l’ascension du volcan : un petit tour sur la plage locale, complétement non-touristique, de sable noir. Magnifique et sauvage, bordée par les maisons et les bateaux des pêcheurs, avec Bali juste en face ... ça pourrait être un paradis si la côte n’était pas autant polluée par toute sorte de détritus humains ... un vrai dépotoir !

30 avril, 4h du matin, départ en jeep vers le volcan en empruntant la route de la compagnie minière qui exploite le soufre du volcan (route qu’il faut connaître d’avance ... je n’ai pas vu un seul panneau indicateur). Sortis de la ville et passé les plantations de café, cette route (totalement défoncée, sans jeep 4x4 on ne passe pas) grimpe à travers une épaisse forêt équatoriale : deux murs végétaux compacts sont l’unique paysage sur plusieurs kilomètres.

Cette jungle est en fait un parc dans lequel ont été réintroduits plusieurs animaux sauvages : des singes, des félins et des serpents ...
On arrive enfin à une clairière, à 1800m de hauteur, parking des jeeps et des camions pour le soufre, qui accueille quelques cabanes pour les porteurs, les gardiens du parc, et une épicerie-bar bienvenue pour une boisson chaude et l’achat de cigarettes à offrir aux porteurs pour les remercier de s’être laissé photographier. À propos, il y a ici une marque très prisée de cigarettes indonésiennes ... je vous le donne en mille : les cigarettes "Alain Delon" (pensez ce que vous voulez, je ne suis pas convaincu que le monsieur en question offre gratuitement l’usage de son nom dans un pays pauvre et surpeuplé ...).

Ici commence le sentier vers le volcan. Pas de chance, il fait gris et il pleut par moments : c’est donc sans crier gare qu’on atteint le bord du cratère duquel on ne voit pas le fond caché par le brouillard. Mais les émanations sulfureuses acres nous confirment qu’on est bien arrivés ...

Ce même sentier est utilisé par les porteurs de soufre qui charrient 60 à 80 kg de minerai sur leurs épaules. Le sentier est large et peu escarpé : on atteint d’abord une aire de repos et de stockage du soufre en provenance du volcan, où les porteurs essayent d’arrondir leur salaire en vendant aux touristes des petits objets taillés dans les morceaux de soufre.

Mais à l’intérieur du cratère c’est une autre histoire ... la pente est raide, le sentier est incertain.

Les porteurs avancent pas à pas, un pas à la fois, très lentement, les épaules lestées de la lourde charge, le souffle coupé par les rafales des émanations volcaniques ... quelle vie !

Mais d’où vient ce soufre ? Qu’y a-t-il en bas, dans le cratère, caché par la brume des émanations ? Les porteurs en reviennent ... alors courage, Adrien, il faut y aller !
Du bord du cratère, le spectacle est magnifique et changeant, au grès des rafales de vent qui déplacent les nappes de brouillard et les vapeurs crachées par le volcan : les volutes des émanations, les falaises de la caldéra, le lac d’acide sulfurique (pH 0,5 !) qui s’illumine de nuances de vert et de turquoise ...

On y resterait des heures et heures, tellement cela est beau.

Mais il faut se résigner, quitter cet enfer paradisiaque et redescendre ... L’aventure n’est pas terminée : poussé par une envie pressante, une de nous s’arrête au bord du chemin ... et trois gros gibbons noirs viennent la voir, certainement empressés de secourir une touriste égarée !

Quelques minutes plus tard, nous sommes bien calés dans notre jeep qui redescend à travers la jungle ... et patatras, les freins lâchent, le chauffeur arrive tant bien que mal à arrêter le véhicule au bord d’un fossé où nous manquons de culbuter.

Une deuxième jeep s’arrête et essaie en vain de sortir la notre du fossé : nous montons tous dans ce véhicule et reprenons la descente ... pas bien longtemps !
Un nouvel obstacle nous barre la route : un beau cobra d’un bon mètre et demi ... il nous nargue, se dresse, puis il reprend son chemin.
Bizarre, personne n’est descendu lui dire bonjour ...

C’est terminé ! Revenus au niveau de la mer, nous retrouvons le ferry à Ketapang qui nous ramène vers Bali. Java et son volcan Ijen nous font un dernier clin d’œil en cette fin de journée mémorable !


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